Encre végétale : bonne ou mauvaise idée ?
Notre avis
Et si vous troquiez vos cartouches conventionnelles pour de l’encre dite végétale ?
Oui, vous avez bien lu. Il est possible de floquer des t-shirts en se servant d’une encre végétale pour tissu.
Et là, sans doute vous demandez-vous quelle est la différence. C’est uniquement une question de composition.
Par défaut, une encre d’impression est formée de trois composantes :
- un solvant : représentant 40 à 80 % du mélange, c’est la partie liquide de l’encre ;
- des pigments : comptant pour 15-25 % du total, ce sont eux qui colorent les supports ;
- des additifs : d’un ratio allant de 0 à 3 %, les additifs optimisent les caractéristiques de l’encre d’impression. Par exemple, ils peuvent réduire la durée de séchage ou apporter une finition satinée.
Dans les cartouches conventionnelles, le solvant est un dérivé du pétrole.
Dans une encre végétale, les fabricants se servent d’huiles végétales. Les plus utilisées sont l’huile de lin et l’huile de soja. Parfois aussi, les marques ont recours à de l’huile de maïs, de palme ou de colza.
La nature de l’encre végétale n’ayant plus de secrets pour vous, il est temps d’en présenter les avantages et les inconvénients.
Avantages de l'encre végétale
La durabilité
Pour produire une seule cartouche d’encre laser, il est nécessaire d’extraire 3,5 litres de pétrole (source : blog.bureau-vallee.fr). En Europe, chaque année, ce sont 190 millions de cartouches d’encre qui sont utilisées (source : linfodurable.fr).
Faites le calcul 🤔.
Cela fait 665 millions de litres de pétrole qui servent uniquement à réaliser les impressions européennes.
C’est conséquent. Et surtout, ce n’est pas fini.
En s’appuyant sur les chiffres d’une dizaine de stations de forage, Rystad a conclu que la production d’un baril de pétrole émet 23 kg de CO2.
Sachant qu’un baril renferme 159 litres de pétrole, l’impression européenne équivaut à 4 182 390 barils. Par ricochet, cela fait plus de 96 millions de CO2 libérés chaque année, et ce, juste pour produire des cartouches d’encre.
L’impression traditionnelle est un réel fardeau pour la planète.
En s’affranchissant des ressources fossiles, l’encre végétale pour tissu s’impose comme une alternative plus saine.
Non-toxicité
Vous pouvez développer une infection pulmonaire en inhalant des hydrocarbures. S’ensuit alors une toux, une suffocation et, pour les plus malchanceux, de sérieux problèmes neurologiques (source : msdmanuals.com).
Oui… Travailler au contact d’encres riches en hydrocarbures présente de réels risques pour la santé.
C’est l’une des raisons pour lesquelles l’appétence envers les encres végétales croît de 4 % par an (source : mordorintelligence.com).
À la différence de leurs congénères synthétiques, ces dernières sont sans risques. Si vous avez à cœur de préserver votre santé, tournez-vous vers elles.
Couleurs vives
Il n’y a rien de plus frustrant que de se retrouver face à des couleurs aussi pâles qu’un linceul. Aucun éclat. Aucune réflexion de lumière. Aucun charme 😬.
Avec un tel rendu, même le plus beau des designs semble tout de suite insipide.
Tous les professionnels ayant travaillé avec de l’encre végétale pour tissu vous le diront : le rendu est à couper le souffle. Plus scintillantes, plus riches en pigments, ces encres satisfont même les professionnels les plus exigeants.
Inconvénients de l'encre végétale
Coût plus élevé
L’encre végétale coûte toujours plus cher que celle synthétique. C’est un fait.
Toutefois, ce n’est pas lié à un désir des fabricants de surfer sur la tendance écologique.
Pour comprendre cette disparité, il suffit de s’intéresser aux prix des différents solvants.
Un baril de pétrole coûte 67,41 € (source : prixdubaril.com). Étant donné qu’un baril renferme 159 litres de pétrole, cela fait 0,42 €/litre.
En moyenne, il faut compter 3,36 € par litre d’huile de lin. C’est huit fois plus que le prix du pétrole. Avec un tel désavantage, il est facile de comprendre pourquoi l’encre végétale pour tissu coûte plus cher qu’un produit synthétique.
Alors oui, l’encre végétale requiert un investissement un peu plus conséquent. Cependant, c’est amplement justifié. Et surtout, la Terre le vaut bien 😉.
Sensibilité à l'eau
Malheureusement, l’encre à base d’huile végétale résiste très mal à l’eau.
Ce n’est pas elle que vous devez utiliser sur des parapluies, des polos ou même des gourdes. En effet, après quelques pluies, les couleurs auront presque complètement disparu.
C’est là l’un des grands désavantages de cette encre.
Elle est fortement déconseillée sur les goodies ou autres exposés aux aléas climatiques. Vous voilà prévenu !
Disponibilité limitée
Troisième inconvénient mais pas des moindres : les difficultés d’approvisionnement.
Avec les encres synthétiques, vous êtes sûr de trouver le coloris qu’il vous faut à tout moment. Les encres végétales pour tissu ne peuvent pas en dire autant.
Rappelez-vous qu’elles sont faites à base d’huile de lin ou de soja.
Or, les spécialistes ont prédit une réduction de 17 % en ce qui concerne l’approvisionnement en huile de lin (source : tridge.com). Et parfois, quand la sécheresse s’abat en Amérique du Sud, l’huile de soja disparaît sur les étals (source : zonebourse.com).
Dérivant de produits naturels, les encres dites végétales sont beaucoup plus sensibles aux aléas climatiques. Malheureusement, cela signifie qu’il est impossible d’avoir un contrôle absolu sur la chaîne d’approvisionnement.
Ajoutez à cela l’engouement grandissant pour ces encres naturelles et il est facile de comprendre pourquoi les stocks sont en dents de scie.
CONCLUSION
Les encres d’origine végétale ont changé le monde de l’impression.
Après des décennies à devoir utiliser des dérivés de pétrole, les professionnels peuvent s’adonner à la conception graphique de manière écologique 😇.
Préférer des encres à base d’huile végétale, c’est dire stop aux 96 millions de CO2 émis dans l’unique but de réaliser des impressions. C’est aussi protéger la santé tout en prenant plaisir à admirer des couleurs chatoyantes.
Malgré quelques points à améliorer, l’encre écologique a tout d’un ticket gagnant. Et si vous l’adoptiez maintenant ?